Bords de Seine

La nuit fut chamadée d'ivresse et de bruit, et par pure improvisation, nous nous sommes retrouvés sur les quais. Dans cet état second de l'after, où le sommeil grise la conscience - plus efficacement que l'alcool. 

Je ne sais plus si j'étais belle encore au matin, la nuit fait couler le noir, marque les traits et rend tout imparfait. 
Sur la péniche. Irréel, rendant tout réel possible. Vous aviez un appareil photo et, à vrai dire, je ne m'y attendais pas non plus. Vous m'avez parlé du soleil qui naissait fragile. Que le temps nous était compté pour saisir cette lumière fugace. Vous m'avez demandé d'enlever, tout de suite, ma jupe, mon tee-shirt pour ne garder que mes bas, le string, et… non… d'enlever également mon soutien-gorge.


J
e me suis mise à l'écart, derrière la cabine sur le ponton, et j'ai fait ce que vous me demandiez. J'étais très gênée d'être ainsi, à l'air libre, et j'ai essayé de me dévêtir tout en gardant mon manteau... je craignais l'apparition, le regard surgissant d'un badaud ou de passants curieux. J'ai dû m'emmêler les bras, mon manteau a glissé, j'étais rouge de crainte et de honte... mais le sommeil me tenait inconsciente, et j'ai procédé. J'ai dû rire de la situation, sourire au moins. Cela me rappelait un soir le désert en Jordanie, lorsque j'ai dû me mettre nue pour me laver avec une seule bouteille d'eau, debout sur un rocher. Protégée des regards par un plus grand rocher. J'entendais les voix du groupe, françaises ou arabes, et me sentais nue sous le soleil tombant, offerte au très doux et à la fraîcheur de l'eau. Frôler l'impudeur, et m'en ravir.
Il ne s'agissait pas de désert, ici, mais de la ville, en éveil alangui. Je suis revenue vers vous avec ce manteau qui n'a qu'un gros bouton pour fermeture. Fière de me montrer, mais intimidée; de vous, du lieu, de mon accoutrement.
J'ai vu votre regard descendre. Lentement. Lourdeur de la lumière et du temps qui passe. Vous vous êtes arrêté sur mon décolleté, très ouvert (ce manteau est une ode à l'érotisme). Je tenais la fourrure sur moi, mais sans trop recouvrir ma peau. Mes seins étaient libérés, je frissonnais et les sentais plus jamais sous la fourrure. A cet instant, j'aurais beaucoup aimé les caresser, ils n'attendaient que cela, et m'appelaient, à renfort de tremblements. Votre regard était lourd, très lourd, et me faisait trembler davantage. De timidité, d'inquiétude, d'envie. De vous plaire, de vous offrir mes seins, de saisir votre désir et de me l'approprier brutalement. En cherchant à retenir encore les bords de mon manteau, je n'ai pas pu m'empêcher de frôler la poitrine. Mes cuisses ont frémi. Je vous ai regardé, j'ai vu votre sourire, et j'ai baissé les yeux. Je crois que j'avais honte de moi, de cette impertinence… mais j'ai su à cet instant que je ne vous arrêterai pas, quelques soient vos demandes.

 

 

Votre regard a continué sa descente, je vous ai vu chercher mon ventre derrière la fourrure, dessiner mes hanches. Je crois avoir perçu (ou rêvé ?) que votre main se retenait, violemment, d'approcher vers moi. Votre regard est devenu, lui, le Maître. De vos instincts et de ma pudeur. Changer d'objet pour que votre main ne vous trahisse pas. Votre regard est encore descendu, mes jambes cette fois. Je crois, mais n'en suis pas sûre, que le hautdentelle de mes bas, se montrait à peine, à l'ouverture du manteau, entre mes cuisses. Je le crois, car votre regard s'est crispé à la hauteur de mes cuisses. Ou bien vous imaginiez. Ou bien vous souhaitiez m'appesantir de votre silence et de votre pouvoir immobile et me matérialiser comme un objet de musée, me faisant "chose" à voir, "chose" de désir, juste "chose", à la merci de vos attentes. Et la lumière ? Je vous ai dit qu'il fallait agir, que le soleil se levait.


Vous êtes venu vers moi pour me placer là où vous l'entendiez. Vous vous êtes rapproché, très près. Je frissonnais. Je ne sais plus qui tremblait le plus, de mes seins, de mes mains, de mes jambes. Je pensais que j'allais m'écrouler, là, devant vous, que mes jambes ne me porteraient plus, dans quelques minutes ou quelques secondes..
Vous m'avez déplacée en me tenant par les épaules. Un peu plus loin, voilà, entre deux barres, pour accentuer le contraste du blanc et du noir. Le contraste entre mon corps qui ne se portait plus et votre immuable objectif de prendre quelques clichés. Contraste entre mon désir, ma faiblesse, mes angoisses, votre créativité sublimant toute perte de contrôle. Vous m'avez demandé d'avancer une jambe, de me montrer davantage. Je ne voulais que cela. Votre main a écarté les bords de la fourrure, a glissé sur mes bas, j'ai senti cette chaleur effleurer ma peau, j'ai crû défaillir. Reprise. Intellectualisons, vite, pour se ressaisir. Je me suis demandée si j'étais excitée, oui évidemment je l'étais. Mais physiquement, si mon string se mouillait. Je n'arrivais pas à savoir, j'étais ivre de l'instant, mais plus près du concept que de l'animalité. Vous m'avez saisie délicatement la nuque pour faire tourner ma tête vers le large. J'ai senti votre main, chaude, frissons, et fièvre, remonter dans mes cheveux, me caresser. J'aurais voulu arrêter le temps. Jeter ma montre et crier que j'adorais cela. Mais figée. Je n'osais plus bouger. Vous avez reculé, dit quelques mots. Que c'était bien comme cela, que j'étais belle, et que vous aimiez cela. Votre voix m'a remplie, et là, j'ai senti mon string devenir humide. Mes cuisses ont bougé. J'étais désolée. Vous m'avez rappelée à l'ordre, j'ai acquiescé.



Vous m'avez demandé de glisser ma main sous mon manteau et de caresser un de mes seins. Vers vous, oui, celui vers vous. J'ai remonté ma main, gelée, et l'ai glissée sous la fourrure. C'était chaud. Cela me glaçait la main et me brûlait la poitrine. Contraste encore. Puis d'ouvrir le manteau, pour mieux voir ma main, ou mes seins. Ouvre-toi, Lud. Offre-toi, cesse de te dérober sous une pudeur qui a perdu de son sens. Puis avec l'autre main, de me caresser le haut de ma cuisse, de la glisser dans mon string, de me caresser. C'était difficile.

Je dois vous le confier maintenant, il m'est très difficile de me caresser sous votre regard. Je l'ai fait, mais à peine. Je rêvais de votre main, la vôtre, audacieuse, mâle et volontaire. Je me remplissais l'imagination et le ventre, à vous sentir plonger sous le tissu, votre paume et vos doigts contourner mes hanches et me caresser les fesses. Les caresser, les presser, les saisir. Me saisir. Me prendre. M'effondrer, défaillir, jouir. Vous m'avez demandé ce que j'aimais de mon corps, de le dire. Balbutiante, j'ai parlé de mes épaules je crois. De ma poitrine aussi. De mes jambes. De ma nuque. De mes lèvres. Puis ce que je n'aimais pas, ce que j'aimerais changer. C'est plus complexe… de dévoiler ses complexes. Mes seins, tiens encore, que j'aimerais plus gros, plus fermes. Mes fesses, que j'aimerais à l'image des africaines, rebondies, parfois effroyablement obscènes. Mes jambes, que j'aimerais plus sportives.

 

 


Et vous, toi, vous, qu'en pensiez-vous, de mes fesses, de mes cuisses, de mes seins ? Envie de vous les montrer, mais autant de me dérober et de fuir, envie de m'ouvrir et de me fermer, de m'ouvrir et de me fermer encore, de plus en plus, de vous exciter et de m'enfuir. De vous faire bander sans que vous puissiez me toucher, de vous résister avec une incroyable candeur. Fantasme. J'en suis incapable. Je me suis caressée les épaules et j'ai fait glisser mon manteau sur mon bras. Puis sur l'autre bras. Sentir le froid sur mes épaules, et laisser glisser. Vénérer l'apesanteur de son aide, et cacher encore le bout de mes seins, juste le bout. Vous êtes revenu vers moi pour changer la pose.
Caressez-moi, j'en rêve. Caressez-moi, étreignez-moi, avec force, avec rudesse, avouez-vous vaincu, résignez-vous, j'ai envie de vous abaisser à votre bestialité. Fantasme. Vous êtes calme, logique, patient.


Vous m'avez assise sur la table, cette fois pour photographier mon dos. Non, pas seulement le dos; les reins et les hanches aussi. Alors il faut que mon manteau tombe, s'effondre. Vous êtes derrière moi, de l'autre coté de cette table en bois, et je dois quitter mon manteau. Je ne vois rien, je suis obsédée par votre regard qui m'a échappé, qui est libre de se poser où il veut, derrière moi..
Je laisse tomber mon manteau, sur la table.
J'imagine mes fesses, assises sur la fourrure. Vous vous êtes approchés et vos mains me prennent les hanches, me déplacent de quelques centimètres. Non des millimètres. Vos mains me pressent, remontent, effleurent mon dos, vos doigts frôlent mes seins de chaque coté. Je frissonne encore, violemment. Penser, penser, penser.
J'imagine ce que vous regardez. Le temps s'égrène, cela dure d'interminables secondes. Mon string est noir, avec un tout petit motif en métal, juste sur les reins, au croisement des lanières. Votre main revient en fantasme, saisit le string, tire doucement dessus. Non, pas doucement. Tire fortement dessus.



Vous reculez, j'entends vos pas qui s'éloignent.

Qui c'est Lady Lorin ?

Lady Lorin, c'est un kaleidoscope de bouts de moi.
C'est un peu mon oeuvre, aussi.
Spermatozoidée par mes amours et ovulée de mes aventures.

Je la dorlotte, je la lisse. Je la malaxe ou je l'écrase puis je l'étire pour lui donner d'autres formes.
Je la grandis.

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lorinaparis@yahoo.fr

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