Pornographie

Le lendemain, dès le lendemain, Lud a envie de le revoir. De quelques heures rassérénée, elle a déjà au ventre l’envie de le croiser au détour d’une bouteille, d’une salle de bain ou de n’importe quoi, d’ailleurs.

Ne pas l’appeler. Pas si vite, c’est absurde. Ne pas appeler une fois, deux fois, cinq, dix, quinze fois et tout déborde.

L’appeler. Saisir son portable, très vite, refouler tout rappel du rationnel, et l’appeler. Messagerie. Soulagement et déception. Pas de message.

Quelques secondes plus tard, penser, et puis le rappeler. Un message de rien, facile, comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis quinze jours, inopinément. Surtout inopinément.


Pas d’appel. Le constater, le vérifier, recommencer. Chercher à passer le temps, l’enfouir sous un décombre d’activités désopilantes. Le portable est muet. Une carpe. Une pierre. Un désert de silence qui vous agace, vous aigrit, vous obsède et vous tord le ventre.

Elle pense et revit, pleinement, le début, le couloir, le champagne, Karl avec force dans son ventre, dans sa bouche, partout. Vraiment. Il l’a prise partout et elle a aimé se donner autant.

Est-ce que le don de soi réveille le cœur ?
Est-ce que la baise vous ranime les sentiments ?
Est-ce que ses mains et son sexe l’ont rendue assoiffée, obsédée? Névrotique et déchaînée ?

Recommencer, dès que possible. Elle se sent mouiller, ça dégringole de l’intérieur, ça se trempe, et rien. Revérifier le portable. Vraiment, rien.

Elle a attendu, forcenée du silence, un jour. Puis deux. Une éternité d’attente.

Puis le rappeler, elle n’y tient plus. Le rappeler, et lui dire à quel point elle ne comprend pas, n’a aucun besoin de lui, elle veut juste baiser et n’en parlons plus. Messagerie. Elle laisse un deuxième message, énervée, à bout. Elle veut savoir, seulement s’il n’y aura plus rien, ou juste pas grand chose. S’ils se reverront. Ou pas.

 

 

 

Et puis le miracle se produit, une éternité plus tard, un texto tombe. "Oui, on recommencera le bal masqué". Revivre. Lever la tête et réaliser qu’il fait beau. Que les voitures soient couvertes de neige, de blanc, de lumière.

Lud se déteste d’être comme ça. Mais elle peut s’aimer de nouveau puisqu’ils recommenceront.

Le temps passe, la vie s’installe, et pas de bal masqué.

Ils se croisent un samedi sur meetic. Elle sent des brûlures lui envahir le cerveau, les cuisses, les mains. Elle prend son ton "inopiné" et cause ; il répond ; il propose de sortir ce soir ; les brûlures reviennent. Elle aimerait savoir où. Karl propose un "endroit festif". Ah oui ? C’est quoi un endroit festif ?

Elle propose de se parler au téléphone. Ils s’appellent. Un endroit festif est un endroit pas forcément "Eyes Wide Shut" mais tout comme.

Elle pense. Elle n’a pas envie, elle ne sait pas trop. Elle a peur. Les brûlures la glacent. Elle veut bien faire l’amour, bien-sûr. Mais avec lui, avec lui et avec lui seulement.


Elle a très peur de le voir finalement. Mais elle sait, déjà, qu’elle ne dira pas non. Elle a surtout peur de lui, du lendemain et de son téléphone maudit.

Elle a surtout envie de le revoir. Il n’est pas très sûr de lui, hésite. Il vient un moment où la décision soit être prise. Elle dit oui. Elle le rejoindra chez lui et il aviseront.

Tout est possible. Jusqu’où ?

Lud part. Elle a des bas qui tiennent tous seuls, les cuisses scotchées à la dentelle. Un string. Une jupe avec des lacets. Des replis et des lacets. Et un bustier. De toute façon, il en aura envie.

Elle prend un taxi et devient gaie, libérée. La route éclaircit les esprits. Elle arrive. Elle tremble et sort son carnet avec les codes. Avec l’impression que son sac lui échappe, que son carnet glisse, que le temps s’écroule et que le désir, lui, prend toute la place. Et la peur. Elle est au deuxième étage. A destination. Sonne.

Ce n’est pas Karl, c’est un type de quarante ans avec une serviette de bain, il est très brun, il est étonné, dérangé. Lud s’est trompée d’étage, était au troisième. Redescendre, se calmer, respirer. Et sonner.

Karl est là. Finalement c’est très simple. Il est normal, souriant, sympa. Il est tout à fait normal – elle n’en revient pas !
Il a très envie d’elle, très vite. L’embrasse, relève sa jupe.

 

 

Et là, l’idée fuse, démente : Lud ne fera pas l’amour avec lui. Pas maintenant. U-ni-que-ment après s’être faite prendre par trois autres hommes, devant lui. Par jeu, par défi. C’est irrésistible. Elle a follement envie de lui, qu’il la déshabille, qu’il la secoue et l’assaille… mais non. Elle le repousse. Elle veut boire un verre, l’exciter, lui faire payer son attente, ces heures de mutisme de son malheureux téléphone, qui n’en demandait pas tant.

Il est joueur, mais surtout excité. Il n’en peut plus. Il décide soudainement de partir. D’y aller. Il propose le 2+2. Simplissime, peu inventif mais explicite.

Ils rentrent dans le club, comme deux amants qui se sont trompés de route. Lud se sent bizarre, excitée et effrayée. Elle ose à peine regarder les autres. Les trouve bizarres aussi. Les pieds des tables avec les pieds dorés, les coussins rouges, ça clinque, ça brille, la lumière est tamisée, tout cela sonne faux, décor en carton pate. Elle ne sent pas très à l’aise mais le feint. Ils prennent un premier verre, un deuxième. Une contenance.

Karl propose de monter à l’étage.
Lud se veut frondeuse. Et puis elle a un défi à tenir.

Bon sang, qu’est-ce qu’elle fait là. A l’étage il n’y a presque personne encore. Vaguement des ombres. Elle ne discerne que des personnages repoussants comme dans une BD ratée.

Karl distingue un couple sur un canapé. La fille est blonde est assez jolie, une bonne trentaine d’année, grande et mince. Un joli visage. Il fait très sombre mais Lud commence à y voir mieux. Le type est métis, pas mal, pas mal du tout. Grand, les cheveux très courts, il a l’air vraiment pas mal.

Karl propose de s’installer là. Il s’assied à coté de cette fille. Lud reste debout, elle le regarde caresser timidement cette fille, doucement le visage. Alors elle se décide. Elle se rapproche aussi de cette fille, lui caresse les seins. C’est drôle de sentir des seins de femme. C’est doux, c’est tendre, très agréable. Drôle. Le type s’en mêle. Il lui caresse les jambes, remonte sa jupe, glisse, monte sa main et touche son string. Lud a des seins dans ses mains, et elle sent les doigts de l’inconnu qui s’accélèrent sur son string. Ce sera lui le premier de la soirée.



Lud n’aime pas beaucoup voir Karl caresser cette fille et aimer cela.

Mais elle se concentre sur les mains de l’autre. Il devient entreprenant, il veut qu’elle le prenne dans sa bouche. Pas encore. Elle n’est pas prête. Elle le caresse, et puis se décide. Cela dure, un peu, puis il est dur, et la retourne. La prend debout. Elle ne tient plus rien, a lâché les seins de la jolie blonde, et se laisse prendre.

L’étage se remplit. Ce sont des hommes ou des femmes, des pas terribles ou des moyens, elle ne voit plus très bien. Le type a joui dans son préservatif, mais Karl ne bande pas. La blonde n’arrive pas à le faire bander.
Lud a envie de l’aider. Elle le prend dans sa bouche, et caresse les jambes de la fille à coté. Lud est à genoux devant eux, et ils s’embrassent. A coté, un autre homme est venu. Il lui remonte la jupe, encore. Combien sentira-t-elle de mains et de bouches et de sexes ce soir ?
Elle est piquée au jeu. Elle veut prouver qu’elle tiendra, d’ailleurs sa tête, passablement alcoolisée, tient les comptes avec rigueur. Elle en est au deuxième. Elle ne sait même plus s’il est beau ou pas. Elle ne regarde même pas. Peut-être qu’elle ne saura jamais de qui il s’agit.

Il faut juste trouver un troisième. En passant par la jolie blonde. Lud se retrouve allongée à coté d’elle, et se décide à l’embrasser. Drôle, drôle encore d’embrasser cette fille, parce que c’est une fille. Elle descend sur la fille, fait sauter les limites de ses désirs et veut savoir ce que c’est que de lécher une femme. Elle le fait, un peu, très doucement. C’est étrange. Pas d’envie, mais la curiosité la stimule. Elle a une telle position sur cette fille qu’un homme vient derrière elle, remonte sa jupe et la prend. Encore.

Où est Karl ? Lud ne le voit plus. Un troisième homme est passé, il est temps de retourner à lui. Elle le cherche, et c'est lui qui la trouve. Il était tout près. C’est bon, de le voir, le sentir, de descendre de cet étage et de savoir qu’il n’a jamais été loin.

Il prennent encore un verre, une cigarette, se décident à partir. Vite. Ils sortent. C’est Paris. La ville est intacte, mais pas son ventre.

Karl est extrêmement proche, attentionné. Cette nuit là était belle. Intacte. Etrangement. Même s’il n’a pas neigé.

Qui c'est Lady Lorin ?

Lady Lorin, c'est un kaleidoscope de bouts de moi.
C'est un peu mon oeuvre, aussi.
Spermatozoidée par mes amours et ovulée de mes aventures.

Je la dorlotte, je la lisse. Je la malaxe ou je l'écrase puis je l'étire pour lui donner d'autres formes.
Je la grandis.

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